Alors que la saison de hockey débute, un entraîneur m’a récemment demandé d’animer une séance sur l’intelligence émotionnelle pour des joueurs de 12 ans. Cela m’a fait réfléchir à quel point il est essentiel que les jeunes athlètes comprennent et gèrent leurs émotions, particulièrement en pleine compétition.
Un modèle simple que j’aime partager est inspiré par OJ Life Lab, qui aide à nommer les émotions. Leur matrice classe les émotions selon deux axes : agréable vs désagréable et haute énergie vs basse énergie. Il est intéressant de noter que leurs recherches montrent que les athlètes de haut niveau, ainsi que les travailleurs de première ligne, ne sont pas nécessairement dans un état émotionnel positif ; ils sont hyper-concentrés, avec des émotions équilibrées proches de la neutralité, qu’elles soient agréables ou non. Leur matrice répertorie environ 100 émotions pour mieux les comprendre.
Voici une matrice simplifiée pour aider les jeunes athlètes.
En tant qu’athlète, votre rôle est de performer et d’être dans la zone. Pour cela, vous devez rester alerte, observer le flux de vos émotions, comprendre l’information qu’elles apportent et les réguler vers un état neutre pour une performance optimale. Cela permet de se concentrer pleinement sur son jeu, dirigeant l’attention vers sa propre performance, au lieu d’être distrait par des facteurs externes comme l’équipe adverse, le public ou le tableau d’affichage.
Une partie cruciale de la régulation émotionnelle est de comprendre que le mouvement est essentiel. Si vous êtes assis devant la télé, vous n’aurez pas soudainement envie de tondre la pelouse : vous devez vous lever et bouger pour changer d’état. Il en va de même sur la glace ; parfois, le seul moyen de sortir d’un état émotionnel négatif ou faible en énergie est le mouvement : sauter sur le banc, encourager ses coéquipiers ou passer à l’action physiquement. Le mouvement active le corps et aide à réguler les émotions.
Pour les entraîneurs, aider les enfants à identifier leurs émotions peut être simple. Proposez des mots simples et concrets : « Ça me mettrait en colère si un autre joueur me faisait trébucher, ce n’est pas juste. Tu préfèrerais des actions plus propres, non ? » L’enfant peut alors s’identifier à « colère » ou préciser par « Oui, c’est frustrant ! ». Ce type d’échange aide l’enfant à exprimer ses sentiments et confirme que ses émotions sont valides. Souvent, la colère signale quelque chose de plus profond, comme un manque de respect ou une injustice.
Voici deux exemples montrant comment les entraîneurs peuvent aider leurs joueurs à gérer leurs émotions durant un match :
- Énergie faible, émotion désagréable :
Lorsque l’équipe se sent découragée parce que l’adversaire semble trop fort, il est important pour l’entraîneur de reconnaître ces émotions. Demandez aux jeunes ce qu’ils ressentent et aidez-les à exprimer leurs émotions avec des mots. Ici, ils peuvent ressentir que la situation est impossible à renverser. Le rôle de l’entraîneur est de les aider à augmenter leur niveau d’énergie et à se concentrer sur ce qu’ils contrôlent : leur propre jeu. Un état émotionnel plus neutre peut être atteint par des activités énergisantes sur le banc – se lever, encourager, ou même chanter un chant d’équipe pour remonter le moral. Le mouvement est essentiel : faites-les bouger pour changer leur état émotionnel. - Énergie élevée, émotion désagréable :
Imaginons un joueur extrêmement en colère sur la glace, prenant de mauvaises décisions et criant sur ses coéquipiers. Son état émotionnel est incontrôlable. L’entraîneur pourrait devoir le mettre sur le banc quelques instants, écouter ses frustrations et l’aider à identifier ces émotions à haute énergie. Un exercice simple, comme pousser contre un mur pour libérer cette énergie, suivi d’une respiration calme, peut aider le joueur à se recentrer. Le mouvement aide à dissiper la colère et guide le joueur vers un état plus neutre et concentré. L’objectif est de les remettre sur la glace, en canalisant cette énergie dans un jeu focalisé, au lieu de réagir aux distractions externes.
Dans les deux cas, l’entraîneur aide les joueurs à développer leur conscience émotionnelle et leur maîtrise de soi. Mais le travail ne s’arrête pas sur la glace. De retour au vestiaire, il est important de renforcer les apprentissages : qu’ont-ils fait pour réguler leurs émotions ? Quel impact cela a-t-il eu sur leur jeu ? Un rapide retour d’expérience peut aider les jeunes à renforcer de bonnes habitudes.
Bien sûr, entraîner au hockey implique de maîtriser les aspects techniques du jeu : compétences, stratégies et travail d’équipe. Mais cultiver l’intelligence émotionnelle est tout aussi important. Pour les entraîneurs de hockey, développer des compétences comme l’écoute active et poser des questions pertinentes peut réellement aider les jeunes à performer au mieux.
Enfin, même si comprendre et gérer les émotions est crucial, l’accent doit toujours rester sur le résultat souhaité. L’intelligence émotionnelle aide les joueurs et les équipes à mieux réguler leurs états, mais il est important que cette régulation émotionnelle serve à atteindre l’objectif final, qu’il s’agisse de marquer des points, améliorer l’esprit d’équipe ou réaliser une croissance personnelle. Encourager les athlètes à équilibrer leurs émotions dans la poursuite de leurs objectifs garantit que la gestion émotionnelle ne devienne pas une fin en soi, mais un outil pour constamment performer au mieux et atteindre les résultats désirés.
Cela s’applique aussi au coaching Agile. Les coachs Agile doivent maîtriser des pratiques telles que les bonnes techniques d’ingénierie, une solide appropriation produit (product ownership), et des stratégies de livraison efficaces. Il ne s’agit pas seulement de maîtriser l’intelligence émotionnelle et de poser les bonnes questions, mais aussi de guider les équipes vers des pratiques menant à des résultats durables et de haute qualité. Si l’état d’esprit de coaching est essentiel, il est tout aussi important d’accompagner les équipes avec des techniques concrètes pour surmonter les comportements sous-optimaux et performer au mieux.
Comprendre les niveaux d’énergie et les émotions
Niveau d’énergie | Émotions désagréables | Émotions agréables |
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Énergie élevée | En colère, stressé, frustré | Gai, dynamique, hyper |
Énergie modérée | Inquiet, préoccupé, mal à l’aise | Heureux, concentré, enjoué |
Énergie faible | Fatigué, désespéré, triste | Calme, détendu, satisfait |
Comprendre la signification des émotions en hockey
Émotion | Signification potentielle | Conseil de coach (Que dire au joueur) | Mouvements en jeu (banc ou sur la glace) |
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En colère | Indique de la frustration, souvent due à une injustice perçue ou à un conflit avec un adversaire ou l’arbitre. | « Canalise cette colère vers des actions fortes et propres. Concentre-toi sur tes passes et reste discipliné. Ne les laisse pas te déstabiliser. » | Encourage-les à serrer fermement leur crosse et à effectuer des passes contrôlées et fermes durant leur prochain passage pour libérer l’énergie. |
Stressé | Le joueur se sent submergé ou sous pression de performer. | « Respire un bon coup. Concentre-toi sur la prochaine action, étape par étape. Tu n’as pas à tout faire tout seul, fais simplement bien ton travail. » | Exercices de respiration profonde sur le banc en serrant et relâchant la crosse pour soulager le stress. |
Frustré | Indique un progrès bloqué, une incapacité à marquer ou une mauvaise performance, entraînant de la frustration. | « Ne force pas les choses. Ralentis le jeu, fais des actions simples. Laisse le jeu venir à toi. Reste sur les bases. » | Encourage-les à ralentir leurs mouvements durant leur prochain passage — se concentrer sur un patinage régulier et précis ainsi qu’un bon contrôle de la rondelle. |
Mal à l’aise | Indique un inconfort ou une nervosité vis-à-vis de la situation du match, souvent dû à de l’incertitude. | « C’est normal de se sentir mal à l’aise, concentre-toi simplement sur ce que tu peux contrôler. Respecte ton rôle et fais confiance à tes instincts. » | Sur le banc, fais-leur ajuster leur équipement (serrer les gants, vérifier la crosse) pour focaliser leur attention sur quelque chose de concret et réduire la nervosité. |
Inquiet | Inquiétude de commettre des erreurs ou peur de l’échec. | « Les erreurs arrivent — oublie le dernier passage. Concentre-toi sur le prochain, on te fait confiance. Reviens aux bases et continue de patiner. » | Exercices de respiration en visualisant la prochaine action sur le banc. Sur la glace, concentre-toi sur des foulées fluides et contrôlées pour calmer les nerfs. |
Préoccupé | Concentré sur un problème précis affectant la performance, comme un adversaire coriace. | « Ne te préoccupe pas d’eux — concentre-toi sur ton jeu. Reste simple : solide sur la rondelle, bon positionnement et actions intelligentes. » | Petits exercices de maniement de rondelle avec des coéquipiers en attendant le prochain passage pour se reconnecter au match. |
Festif | Forte énergie après une action réussie, mais pourrait perdre la concentration. | « Beau travail! Maintiens cette énergie, mais reste concentré — ce n’est pas terminé. Prochain passage, même intensité, même discipline. » | Sur le banc, garde-les en mouvement léger — encourage-les à rebondir sur leurs orteils ou à taper leur crosse en attendant pour maintenir l’énergie. |
Enjoué | Énergie positive tournée vers l’avant après une bonne action ou un changement de dynamique. | « Garde cette confiance, mais respecte le plan de match. Ça va bien — ne brûle pas les étapes. Un passage à la fois. » | Fais de légers étirements ou du jogging sur place sur le banc pour rester alerte. Sur la glace, concentre-toi sur de rapides accélérations et des mouvements précis. |
Hyperactif | Énergie excessivement élevée, menant à des décisions chaotiques ou impulsives. | « Ralentis, concentre-toi sur la précision plutôt que sur la vitesse. Laisse le jeu venir à toi — vise des actions propres, pas seulement rapides. » | Encourage des mouvements lents et délibérés sur le banc (par ex., serrer et relâcher la crosse) pour canaliser l’énergie. Sur la glace, concentre-toi sur un patinage régulier et contrôlé. |
Heureux | Satisfaction vis-à-vis de leur performance, mais risque de complaisance. | « Tu fais du bon travail — continue comme ça, mais ne baisse pas ta garde. Reste alerte et continue de travailler fort. » | Légers étirements sur le banc pour rester détendu mais concentré. Sur la glace, concentre-toi sur un bon contrôle de la rondelle et un positionnement efficace. |
Concentré | Engagé et concentré sur le match. État idéal pour performer. | « Garde cette concentration — tu es dans ta zone. Reste alerte et continue de jouer ton jeu. Chaque passage compte. » | Fais-leur répéter mentalement leur prochaine action sur le banc. Sur la glace, concentre-toi sur des mouvements délibérés et précis pour rester engagé. |
Insouciant | Trop détendu, peut manquer d’urgence ou d’intensité. | « Il faut que tu passes à la vitesse supérieure. C’est le moment crucial, apporte énergie et intensité — chaque passage compte. » | Encourage-les à courir sur place ou à taper des pieds sur le banc pour augmenter l’énergie. Sur la glace, concentre-toi sur des foulées puissantes pour insuffler de l’urgence. |
Complaisant | Satisfait de la situation actuelle, mais ne cherche pas à s’améliorer. | « Ne t’arrête pas là — pousse davantage, le match n’est pas fini. C’est maintenant que les grands joueurs continuent à progresser. » | Sur le banc, propose de courtes périodes d’activité comme se lever et s’étirer. Sur la glace, concentre-toi sur des poussées plus fortes à chaque foulée pour sortir de la complaisance. |
Calme | Attitude calme et détendue, pouvant mener à une faible intensité. | « Reste détendu, mais nous avons besoin de plus d’énergie. Accélère le rythme et apporte plus d’intensité à tes passages. » | Petits rebonds ou étirements sur le banc. Sur la glace, augmente le rythme de ton patinage ou de ton maniement de la rondelle. |
Fatigué | Fatigue physique ou mentale. | « Accroche-toi, donne tout ce que tu as pour le prochain passage. Des passages courts et intenses — fais-le pour l’équipe. » | Fais des étirements ou des rotations d’épaules sur le banc pour détendre tes muscles. Concentre-toi sur des efforts courts et énergiques durant le passage pour économiser ton énergie. |
Désespéré | Sent l’impossibilité de réussir ou que le match est perdu d’avance. | « Il reste du temps, continue à te battre. Concentre-toi sur gagner ton prochain passage — tout peut arriver. » | Fais de légers mouvements des bras ou des jambes sur le banc pour rester prêt. Sur la glace, privilégie des actions simples et un patinage régulier pour retrouver confiance. |
Triste | Déception ou sentiment de ne pas être à la hauteur des attentes. | « C’est dur, mais c’est ainsi qu’on apprend et qu’on progresse. Concentre-toi sur la prochaine action — rebondis et montre ce que tu vaux. » | Étirements lents ou maniement de la rondelle sur le banc pour se recentrer. Sur la glace, vise de petites réussites comme compléter des passes ou bien te positionner. |